La fin de leur monde

Pourquoi la crise environnementale va nous amener à refaire de la politique

Vous avez forcément entendu parler des enjeux environnementaux : énergie, biodiversité, changements climatiques, adaptation… Tout le monde en parle, certes souvent mal, mais surtout pour expliquer que telle solutions va peut être tout changer, ou que tel produit est certifié vert et est donc moins pire que s’il était pire. Bref que vous contribuez à un effort collectif si vous dépensez bien votre argent. Du coup, s’il y a des marchés matures, il suffirait que politiques et ingénieurs s’y mettent pour de bon, qu’on investisse sérieusement dans « l’écologie » et avec un peu de pragmatisme scientifique tout ira bien. D’ailleurs si en parallèle, tout le monde s’y met un peu façon colibri et éco gestes, le problème sera vite résolu.
Dans ma trajectoire d’ingénieur, il est à peu près certain que j’ai pensé comme ça, en fait.
En même temps, j’étais structuré pour. J’aurais surement pu vivre heureux, convaincu de mon mérite, à siroter ma bière bio artisanale en rooftop après ma dure journée de consultant en consulting dans la mégalopole du coin. Toulouse donc. Si j’avais eu le déclic, ou l’envie d’avoir bonne conscience, j’aurai pu avoir une carrière « engagée » et aurai pu être ingénieur vert, en hydrogène ou en panneaux solaires. Je me serais alors convaincu que je fait partie des bons, des vertueux, j’aurais surement eu les moyens d’acheter plein de produits écologiques, fairtrade, certifiés durables. J’aurais pu me dire que le tourisme spatial, s’il est neutre en carbone alors c’est très bien : ça finance de la recherche, ça provoque du ruissellement, puis après tout les milliardaires investissent des milliards dans la transition…

Et pourtant aujourd’hui je n’en suis pas là. Je ne suis plus ingénieur dans l’industrie, je ne suis pas convaincu de contribuer à une mission supérieure que ce soit dans mon travail de formation sur le climat et les enjeux énergétiques, ou avec mes abeilles et mon activité d’apiculteur. J’ai même tendance à penser que la manière que j’avais de penser le problème fait justement partie du problème.

Il m’a fallu plusieurs chocs dans ma vie familiale et personnelle pour questionner l’avenir qui m’était promis, et il m’a fallu un groupe et du collectif pour l’analyser, pour transposer ce que j’avais vécu sur ce que je vivais à travers mes engagements pour le climat, pour en tirer quelque chose qui soit utile au collectif.
Alors dans ma conférence gesticulée, je prends la parole pour partager ce que je pense avoir compris, au fil des moments où je l’ai compris : qu’il s’agit d’un problème politique. Pas au sens politicien, mais au sens sens de la gestion d’un commun.
Puisqu’il n’y aura pas de « solution » technologique, pas de miracle, pas de grands plans net zéros, pas de changements sociaux magiques…  nous devons vivre la fin d’un monde et il est urgent d’en inventer un autre. Or, se demander ce qu’on veut et quelles règles on se donne, ça ne se fait pas avec des ingénieurs furent-ils verts mais bien avec des assemblées de citoyens… contrairement à la destruction du vivre ensemble au nom de l’écologie.

Et pour en arriver là, je vais vous raconter mon histoire et celle de ma famille, une affaire assez chaotique qui pourtant partait plutôt bien, que j’entrecouperai de petits textes et de musiques de rap, de vrais infos sur l’environnement, d’anecdotes et de petites touches d’humour à tendance sarcastique.

Inclus dans la prestation : une lecture d’édito du Point, des passages où tu-parles-trop-vite-on-comprend-rien, des dessins niveau CE2, du chamanisme très impressionnant, la fresque du climat version expert en 2 min chrono, des légos, un blind test de rap, une blague volée à PE Barré, mon seum.

Enregistrement de 2022 disponible ici : https://www.youtube.com/watch?v=ABy73UPkjDE