Tiers-lieux : Rotary club pour petits bourgeois ?

Comment libérer les espaces alternatifs de l'ordre social ?

Les dominants ont le chic pour nous faire reproduire notre propre domination. Moi, c’est en bossant dans un tiers-lieu pendant 4 ans que j’ai patiemment œuvré à reproduire la société… alors que je pensais justement la changer.

Les tiers-lieux, vous connaissez ? Ces lieux « à mi chemin entre la maison et le travail », aux activités très variées : espaces de travail partagé, cafés associatifs, recycleries, jardins collectifs, maisons de quartiers… Ce sont des lieux partagés, ouverts, solidaires, presque militants !

Ça tombait bien : j’étais militant écolo depuis des années, et le besoin de lieux pour s’organiser était un des plus problématique. Alors en 2020, je suis embauché par l’un d'eux, dans l’espoir d’en faire un repère pour toutes celles et ceux qui veulent changer le monde ! Y compris le Rotary Club…

Alors que je considérais ce poste comme la suite logique de mon engagement militant écologiste, je m’en suis éloigné, et mis au service de ce que je voulais combattre : auto-entrepreneuriat, gentrification, charité, privatisation des services publics… je vais échouer chez ma médecin, préférant fondre en larme chez elle qu’exploser de colère au boulot.

J’ai écris cette conférence gesticulée pour comprendre les raisons de ce détournement politique. Comment nos lieux, animés de valeurs de partage, d’écologie, de solidarité, gérés en gouvernance partagée, finissent par devenir les collaborateurs de la bourgeoisie ? Par quels pièges, mais aussi quelles complicités ?

Pourtant, il existe des tiers-lieux qui ont fait la différence dans l’histoire. Ils ont permis au « tiers-état » de la société capitaliste de défendre de soutenir l'émancipation des travailleuses et travailleurs par eux-même. Les premières Bourses du travail, les Maisons du Peuple, les ronds points de Gilets Jaunes, Verdragon ou le Plat de Résistance ou nous montrent que de tels lieux existent, et aussi qu’ils sont indispensables pour construire des luttes durables.

Je propose un cadre théorique pour comprendre ce qui a fait la force politique de ces espaces. Nous avons besoin de faire un choix de société, et ce choix commence dès maintenant, dans nos lieux partagés, ouverts, solidaires et que j’espère pleinement militants.